Loi sur le génocide : le site de la députée à l'origine du texte piraté

Le site de Valérie Boyer, la députée UMP à l'origine de la proposition de loi réprimant la négation des génocides dont celui des Arméniens, était victime dimanche d'un piratage par des militants pro-Turquie.



La contre-offensive pro-turque s'organise sur Internet. Le site de Valérie Boyer, la députée UMP à l'origine de la proposition de loi réprimant la négation des génocides dont celui des Arméniens, était victime dimanche d'un piratage par des militants pro-Turquie dénonçant anonymement un aspect électoraliste du texte.

 
Sur internet, l'adresse www.valerie-boyer.fr renvoyait automatiquement vers un écran noir affichant le drapeau de la Turquie et un message non signé en deux langues, en turc et en anglais, s'en prenant au gouvernement français et à la communauté arménienne de France. "Vous, la diaspora arménienne, êtes de tels lâches que vous n'avez pas le cran d'ouvrir les archives arméniennes et de faire face à la vérité", écrivent les auteurs du message, pour qui "la vérité" est qu'on ne peut pas parler de "génocide arménien". "Vous, les Français, êtes tellement pitoyables et pathétiques que vous méconnaissez les vérités pour des voix", ajoutent-ils, en allusion aux élections présidentielle et législatives à venir en France.
Colère de la Turquie
L'Assemblée nationale a adopté jeudi la proposition de loi pénalisant la contestation de tout génocide, dont celui des Arméniens en 1915, provoquant la colère de la Turquie, le gel de sa coopération militaire avec la France et le rappel de son ambassadeur à Paris. La proposition de loi de Valérie Boyer, députée UMP de Marseille où vit une forte communauté arménienne, avait reçu le soutien du gouvernement qui a permis son inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée. Le texte doit désormais être inscrit à l'ordre du jour du Sénat. Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a jugé peu probable que le texte soit adopté définitivement par le Parlement d'ici la fin de la législature en 2012.
  
Villepin est contre la loi
Dominique de Villepin a dénoncé dimanche l'adoption par les députés de la proposition de loi pénalisant la négation des génocides, notamment contre les Arméniens.
Invité sur Europe 1, le candidat à l'élection présidentielle, qui anime le mouvement République solidaire, a estimé que "la représentation nationale n'a pas bien fait" car on "ne légifère pas sur la mémoire".  "Est-ce que c'est à la France de donner des leçons sur ce terrain ? Je ne le crois pas. Est-ce que nous serions heureux que le parlement algérien légifère sur la mémoire ?", a-t-il demandé.
"Soyons prudents. On ouvre des querelles qui nous font régresser et pas progresser", a estimé Dominique de Villepin. L'ancien Premier ministre a jugé "évident" que des députés avaient agi "sur le terrain politique avec des arrières-pensées dans cette période électorale". "Je crois que c'est très malsain et c'est une erreur. Je souhaite que l'on revienne sur de tels agissements",a-t-il ajouté.
Dans Le Parisien dimanche, l'historien Michel Winock se déclare également contre le principe des lois mémorielles. "Une vérité officielle ne fait progresser ni la connaissance, ni l'apaisement des mémoires. Seul le travail sérieux des historiens, comme pour l'extermination des juifs, peut y contribuer", dit-il.