Mots clés : Touareg, Rébellion, Massacres, Exécutions, Mali, Afrique, Maghreb,Kidal, Aguelok, Amadou Toumani Touré, Mohamed Ag Najem, Att, AQMI, MNLA
Par Tanguy BerthemetMis à jour | publié Réagir
Des manifestants dénoncent l'inaction du gouverment face aux rebelles touaregs du MNLA, le 2 février à Bamako. Crédits photo : STRINGER/AFP
La rébellion armée réclame l'indépendance du nord du Mali.
Le conflit qui oppose les autorités maliennes aux Touaregs dans les confins du Sahara tourne à la guerre dure et sans pitié. Lundi, Paris a dénoncé une série d'exécutions sommaires perpétrées par les rebelles, mi-janvier, dans la ville d'Aguelhok. Les victimes ont «été égorgées et les autres tuées d'une balle dans la tête», a détaillé le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt. Les 85 morts, tous des militaires ou des gendarmes, ont été abattus alors qu'ils avaient les mains liées dans le dos. Un massacre qui inquiète la France.
Car la prise d'Aguelhok, le 17 janvier, avait en fait signifié la reprise de la lutte armée par les Touaregs. Depuis cette date, les troupes du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont attaqué six autres villes du Nord-Est, comme Ménaka et Tessalit, mais aussi du Nord-Ouest, à Léré notamment, montrant ainsi leur mobilité et leur puissance. Le week-end dernier, plusieurs accrochages ont été signalés près de Kidal, la capitale du nord du Mali. Selon certaines sources, une prise temporaire de cette ville par le MNLA est désormais «possible», ce qui serait un très «mauvais signe».
La démonstration de force n'est pourtant pas une surprise. Si le MNLA, qui exige l'indépendance de l'Azawad, une région considérée comme le berceau des Touaregs, est un groupe récent, il est formé en grande partie de soldats aguerris rentrés de Libye avec armes et bagages après la chute de Mouammar Kadhafi. Dirigé par Mohamed ag Najim, lui-même ex-colonel de l'armée du Guide, le MNLA serait fort de 1500 à 2000 hommes, tous bien équipés, et ne rencontrerait par ailleurs que peu de résistance.
L'armée malienne est jusqu'à ces derniers temps restée fidèle à une tactique d'évitement des combats, préférant le repli à la lutte. «C'est symbolique de la politique du président malien Amadou Toumani Touré vis-à-vis des Touaregs. Il a toujours tout fait pour sous-estimer ce problème en espérant qu'il finirait par se résoudre tout seul», analyse un observateur qui souligne que «l'urgence est maintenant de traiter ce problème et d'obtenir un cessez-le-feu». Loin d'être simple, la tâche se heurte à un double écueil.
D'un côté, les autorités de Bamako, tout en se disant officiellement prêtes à un arrêt des hostilités, sont aujourd'hui affaiblies. Le président malien, critiqué pour cette nouvelle guerre, quittera en effet le pouvoir au printemps, après l'élection présidentielle d'avril à laquelle il ne se présente pas. De l'autre, les Touaregs ne sont pas unis. Outre le MNLA, deux autres groupes luttent au nom du peuple du désert. Seul point commun: leur méfiance à l'endroit des négociations. Les promesses faites lors des accords d'Alger qui, en 2006, avaient mis un terme à une précédente rébellion, sont restées lettre morte.
Aucun de ces mouvements n'était d'ailleurs présent la semaine dernière dans la capitale algérienne pour un nouveau cycle de discussion sur le Mali. Reste que c'est bien l'Algérie, puissance régionale, qui détient une partie de la solution du problème.
En attendant, les voisins du Mali, Niger et Mauritanie en tête, s'agacent ouvertement du retour prévisible de ce conflit dont ils subissent les conséquences. L'Union européenne et les États-Unis se montrent à peine moins critiques. Les Occidentaux redoutent qu'une nouvelle guerre dans le Sahara malien ne profite à al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), qui a installé des bases dans la région.
Car la prise d'Aguelhok, le 17 janvier, avait en fait signifié la reprise de la lutte armée par les Touaregs. Depuis cette date, les troupes du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont attaqué six autres villes du Nord-Est, comme Ménaka et Tessalit, mais aussi du Nord-Ouest, à Léré notamment, montrant ainsi leur mobilité et leur puissance. Le week-end dernier, plusieurs accrochages ont été signalés près de Kidal, la capitale du nord du Mali. Selon certaines sources, une prise temporaire de cette ville par le MNLA est désormais «possible», ce qui serait un très «mauvais signe».
La démonstration de force n'est pourtant pas une surprise. Si le MNLA, qui exige l'indépendance de l'Azawad, une région considérée comme le berceau des Touaregs, est un groupe récent, il est formé en grande partie de soldats aguerris rentrés de Libye avec armes et bagages après la chute de Mouammar Kadhafi. Dirigé par Mohamed ag Najim, lui-même ex-colonel de l'armée du Guide, le MNLA serait fort de 1500 à 2000 hommes, tous bien équipés, et ne rencontrerait par ailleurs que peu de résistance.
L'armée malienne est jusqu'à ces derniers temps restée fidèle à une tactique d'évitement des combats, préférant le repli à la lutte. «C'est symbolique de la politique du président malien Amadou Toumani Touré vis-à-vis des Touaregs. Il a toujours tout fait pour sous-estimer ce problème en espérant qu'il finirait par se résoudre tout seul», analyse un observateur qui souligne que «l'urgence est maintenant de traiter ce problème et d'obtenir un cessez-le-feu». Loin d'être simple, la tâche se heurte à un double écueil.
D'un côté, les autorités de Bamako, tout en se disant officiellement prêtes à un arrêt des hostilités, sont aujourd'hui affaiblies. Le président malien, critiqué pour cette nouvelle guerre, quittera en effet le pouvoir au printemps, après l'élection présidentielle d'avril à laquelle il ne se présente pas. De l'autre, les Touaregs ne sont pas unis. Outre le MNLA, deux autres groupes luttent au nom du peuple du désert. Seul point commun: leur méfiance à l'endroit des négociations. Les promesses faites lors des accords d'Alger qui, en 2006, avaient mis un terme à une précédente rébellion, sont restées lettre morte.
Aucun de ces mouvements n'était d'ailleurs présent la semaine dernière dans la capitale algérienne pour un nouveau cycle de discussion sur le Mali. Reste que c'est bien l'Algérie, puissance régionale, qui détient une partie de la solution du problème.
En attendant, les voisins du Mali, Niger et Mauritanie en tête, s'agacent ouvertement du retour prévisible de ce conflit dont ils subissent les conséquences. L'Union européenne et les États-Unis se montrent à peine moins critiques. Les Occidentaux redoutent qu'une nouvelle guerre dans le Sahara malien ne profite à al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), qui a installé des bases dans la région.