Yémen: attentat meurtrier le jour de la prestation de serment du président


Yémen: attentat meurtrier le jour de la prestation de serment du président
SANAA — Un attentat attribué à Al-Qaïda a visé samedi un palais présidentiel dans le Sud du Yémen, le jour même de la prestation de serment du nouveau président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi.
Peu après la cérémonie de prestation de serment, un kamikaze a fait exploser une voiture piégée devant un symbole du pouvoir: le palais présidentiel de Moukalla, dans le Sud-est, tuant 26 soldats de la Garde républicaine, selon une source médicale.
En prêtant serment, M. Hadi s'est engagé à "préserver l'unité du pays, son indépendance et son intégrité territoriale" et de continuer à combattre Al-Qaïda qui n'a cessé d'étendre son influence dans le pays.
Unique candidat lors de la présidentielle de mardi, l'ancien vice-président a été élu avec plus de 99% des voix. Il remplace M. Saleh, qui a quitté le pouvoir sous la pression de la rue après 33 ans à la tête du pays, dans le cadre d'un accord politique élaboré par les monarchies arabes du Golfe.
M. Hadi s'est adressé, après avoir prêté serment, aux Yéménites en promettant d'ouvrir un dialogue avec toutes les forces politiques, de rétablir la sécurité "sans laquelle tout développement économique serait impossible" et de "poursuivre le combat contre Al-Qaïda".
"La poursuite de la lutte contre Al-Qaïda est un devoir patriotique et religieux", a-t-il assuré à propos de cette organisation qui n'a cessé d'étendre son implantation dans le Sud et le Sud-Est du pays où elle contrôle des villages et la ville de Zinjibar, capitale de la province d'Abyane.
"La seule alternative possible à la sécurité est le chaos", a-t-il averti, quelques heures avant l'attentat de Moukalla qui porte, selon une source militaire yéménite l'empreinte d'Al-Qaïda et dont l'auteur serait Mohammed Al-Sayari, un Saoudien originaire du Yémen.
Par ailleurs à Aden, capitale du Sud, deux soldats ont été tués et deux civils, dont une femme, blessés lors du démantèlement d'un camp de toile de protestataires sudistes qui revendiquent l'autonomie, voire l'indépendance du Sud Yémen, qui était séparé du Nord jusqu'en 1990.
Samedi en début d'après-midi, le calme était revenu à Aden ainsi qu'à Moukalla, selon des habitants.
M. Hadi, estimant bénéficier de la légitimité des urnes, a invité ses concitoyens à "ouvrir un nouveau chapitre pour construire un Yémen qui intègre tous ses citoyens".
Elu pour un mandat intérimaire de deux ans, le nouveau président doit être investi dans ses nouvelles fonctions lundi au palais présidentiel. Il se ferait alors officiellement remettre le pouvoir par M. Saleh.
Ce dernier a regagné Sanaa tôt samedi, en provenance des Etats-Unis où il a effectué un séjour médical. Il s'est installé dans sa résidence privée et non dans le palais présidentiel, selon des sources politiques.
Dans une déclaration à son retour, M. Saleh a invité les Yéménites à apporter leur soutien au nouveau pouvoir pour "reconstruire le pays" et "venir à bout des conséquences de la crise qui l'a secoué pendant un an".
Le statut de M. Saleh pendant la période intérimaire qui s'ouvre suscite des interrogations, d'autant plus que ses proches continuent de diriger d'importants services de sécurité, notamment la Garde républicaine, corps d'élite de l'armée, qui est sous le commandement de son fils Ahmed.
M. Saleh reste "président du Congrès populaire général (CPG), qui est le plus grand parti politique du pays", avait indiqué mercredi l'un de ses proches, le vice-ministre de l'Information, Abdo Janadi.
"Rien dans l'initiative des pays du Golfe ne l'empêche de présenter sa candidature (à l'élection présidentielle) dans deux ans, même s'il dit qu'il a fait ses adieux au pouvoir", avait-il indiqué.
Une source diplomatique a estimé difficile pour M. Saleh de rester à l'écart du jeu politique. "Il va changer tout simplement de costume", a-t-elle estimé.