Facebook soutient-il Nicolas Sarkozy en campagne ?



Facebook soutient-il Nicolas Sarkozy en campagne ?

Créé le 15-02-2012 à 12h38 - Mis à jour à 13h33      Réagir

Le président-candidat aurait bénéficié d'un traitement de faveur de la part du réseau social, révélant des liens troubles entre les deux équipes.


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Montage des logos de Facebook et de l'UMP (DR)
Montage des logos de Facebook et de l'UMP (DR)
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Nicolas Sarkozy a-t-il bénéficié d'un traitement de faveur de la part de Facebook pour sa campagne numérique ? La question est entière. Selon les révélations de "L'Express" et du "Canard enchaîné", le réseau social collabore avec les équipes du président-candidat depuis octobre 2011 pour élaborer un profil parfait grâce aux dernières nouveautés baptisées "Timeline".
Dévoilée vendredi 10 février, cette nouvelle page Facebook est toute à la gloire de Nicolas Sarkozy avec des centaines de photos d'évènements marquants, pour en occulter d'autres comme la campagne d'Edouard Balladur de 1995 ou son ex-femme Cécilia.
Officiellement, le développement de cette page incombe à l'équipe web de Nicolas Sarkozy, dirigée par le jeune conseiller Nicolas Princen. Mais dans l'ombre, les équipes de Facebook France auraient très tôt conseillé, voire apporté un soutien technique, au futur candidat.
"Facebook France aurait proposé à Nicolas Sarkozy de créer une Timeline dès septembre 2011", croit savoir "L'Express". Or, Mark Zuckerberg n'a présenté ce nouveau profil que le 22 septembre pour une ouverture au grand public le 15 décembre (même s'il était possible d'y accéder plus tôt).

Un "délit de favoritisme" ?

Le développement de cette nouvelle page a commencé dès le 13 octobre, affirme "L'Express". "Le Nouvel Observateur" a d'ailleurs constaté que plusieurs photos ont été postées le 17 octobre. Soit bien avant l'entrée en campagne du président sortant. De quoi lui donner un certain avantage face aux autres candidats, encore cantonnés aux vieillottes "page fan".
Message accompagné d'une photo posté sur le profil Facebook de Nicolas Sarkozy le 17 octobre 2011 (Capture d'écran)
Selon l'Elysée, Nicolas Sarkozy n'a reçu aucun traitement de faveur de la part de Facebook. "Nous avons pris connaissance des nouvelles fonctionnalités quand Mark Zuckerberg les a rendues publiques, et avons vu tout de suite les avantages que nous pourrions en tirer, rien de plus", se défend la présidence. "Facebook ne nous a procuré aucune aide technique particulière, nous avons fait comme les milliers de développeurs qui y ont eu accès dès le mois d'octobre, nous y avons travaillé", poursuit le Palais.
Toutefois, "l'Express" affirme que "l'équipe de Nicolas Princen à l'Elysée a travaillé directement avec Facebook pendant plusieurs mois pour élaborer cette Timeline". Selon une source au sein de l'équipe de campagne d'Hollande, "des employés de Facebook ont travaillé pour Sarkozy, c'est clair. Cela fait longtemps qu'ils bossent pour lui en tant que président, et maintenant en tant que candidat".
Un "délit de favoritisme" également dénoncé par "le Canard enchaîné" qui pointe la proximité de Julien Codorniou, directeur des partenariats chez Facebook France, avec le sarkozyste Nicolas Princen. Au PS, le nom d'Anne-Sophie Bordry est également évoqué. La responsable des relations publiques de Facebook pour l'Europe a été conseillère du gouvernement pendant plus de quatre ans. Enfin, Loïc Le Meur, PDG de Seesmic et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy pendant la campagne de 2007, aurait également apporté ses conseils. Il avait affirmé à "l'Obs" avoir "gardé de bons contacts avec le président et son équipe", mais qu'il "ne prendrait pas part à la campagne" de 2012.
Julien Codorniou se dit "impressionné" par la nouvelle page Facebook de Nicolas Sarkozy (Capture d'écran)

Facebook plaide "l'impartialité"

Contacté, Facebook affirme que ses équipes "sont régulièrement en contact avec de nombreuses personnalités publiques, y compris les partis politiques, pour fournir des informations et conseils sur l'utilisation de [ses] produits. Ceci est fait en tout impartialité". L'affaire provoque toutefois l'ire des socialistes. Dans un e-mail à la direction de Facebook, Fleur Pellerin, responsable du numérique au sein de l'équipe de François Hollande, s'émeut :
L'implication de Facebook dans la campagne présidentielle française est inacceptable. [...] Je ne peux pas accepter qu'une société [comme Facebook] prenne parti dans une campagne présidentielle en offrant une aide technique et intellectuelle à un candidat et lui donner ainsi un avantage significatif."
Ce à quoi un responsable de Facebook réplique : "Les équipes de Nicolas Sarkozy utilisent les mêmes outils que ceux qui sont à la disposition de tous les candidats qui le souhaitent". Même son de cloche à l'Elysée : "Ce n'est pas de notre faute si tout le monde n'a pas réagi aussi vite", moque un conseiller du Palais.
Si l'équipe de François Hollande confirme avoir rencontré les responsables de Facebook, le développement d'une "Timeline" ne lui aurait été proposé que fin 2011, soit trois mois après Nicolas Sarkozy.
Pour rappel, le Code électoral stipule qu'"aucun candidat ne peut recevoir, directement ou indirectement, pour quelque dépense que ce soit, des contributions ou aides matérielles d'un Etat étranger ou d'une personne morale de droit étranger".